La Princesse qui n’aimait pas... de la Barbaque Cie (c) Horric Lingenheld

La Princesse qui n’aimait pas… de la Barbaque Cie (c) Horric Lingenheld

Du 31 janvier au 10 février 2024, Le Mouffetard CNMa programmait un spectacle qui n’est pas tout neuf mais mérite largement de continuer de tourner : La princesse qui n’aimait pas… de la Barbaque Compagnie. Un spectacle de théâtre d’objets marionnettiques fort en texte, qui dynamite avec humour et efficacité l’univers des contes pour arriver à une morale de son temps. Bien chouette !

C’est pour moi si :

  • j’aime les spectacles qui ne se prennent pas excessivement au sérieux
  • je pense que toute personne devrait avoir le droit d’aimer, ou de ne pas aimer, qui elle veut
  • j’aime les spectacles qui n’ont pas besoin d’énormes décors et de foules d’interprètes pour incarner tout un univers sur scène

Tout est bien qui finit bien, même si le chemin emprunte des détours inattendus. La princesse qui n’aimait pas… reprend l’univers et les codes du conte, pour mieux les détourner et raconter une histoire d’aujourd’hui, une histoire d’émancipation qui joue sur les clichés, gentiment tournés en dérision, pour finalement mettre en scène la liberté de faire ses propres choix, libéré·e des normes sociales. Et choisir, en l’espèce, c’est être capable de dire non, jusqu’à ce qu’on rencontre la situation qui permet de dire oui.

Sur scène, pour accompagner l’héroïne de cette histoire, la princesse Timothéa, on aligne ses parents et une foule de prétendants. La comédienne commence par incarner les trois membres de la famille royale en jeu d’actrice, avant de transférer tous les rôles secondaires sur des marionnettes qui vont dès lors porter les personnages, depuis le roi et la reine jusqu’à l’armée de prétendants plus bizarres les uns que les autres, tandis que Timothéa reste la seule à être jouée par la comédienne directement : cela crée une confusion artiste/personnage, en tous cas cela humanise ce dernier. Caroline Guyot campe tout ce monde avec vivacité et précision, des voix bien typées et quelques mimiques hilarantes.

La tonalité générale est celle de l’humour, avec des accents de clown quand la situation de départ bien classique dégénère, d’exagération en exagération, sous l’impulsion des personnages des parents, absurdement névrosés, en quelque chose de joyeusement excessif. Mais la princesse ne désarme pas, qui fait l’effort de nous narrer sa propre histoire en la sortant d’une poubelle-castelet qui est la métaphore du rejet par lequel son entourage répond à ses efforts pour ne pas accepter ce qu’on essaie de lui imposer et qui ne lui convient pas.

C’est drôle, plein de couleurs et de vie, un peu punk, et très bien écrit, à commencer par le texte presque intégralement composé en alexandrins qui coulent avec facilité. Il y a de l’inventivité visuelle et langagière, une mise en scène dont l’économie n’empêche pas l’efficacité. Parfois, on a le sentiment que les scènes pourraient mieux s’articuler, des micros baisses d’énergie qui pour autant ne retirent pas grand chose au plaisir qu’on prend à traverser cette fable irrévérencieuse, pleine de malice.

 

GENERIQUE

Un projet de et avec : Caroline Guyot
Écriture : Aude Denis
d’après le roman jeunesse d’Alice Brière-Haquet
Mise en scène : Johanny Bert assisté de Adeline-Fleur Baude
Univers plastique, objets et costumes : Vaïssa Favereau
Aménagement décor : Amaury Roussel
Scénographie : Johanny Bert
Lumières : Didier Lamy